Dans un été olympien marqué par l’arrivée d’un Angel Gomes libre de tout contrat, international anglais à l’aura prometteuse, et la signature de Facundo Medina, international argentin solide et reconnu de Ligue 1, le nom de Timothy Weah peut, de prime abord, susciter une réaction plus tiède. Non pas qu’il s’agisse d’un inconnu ou d’un joueur au pedigree douteux : formé au Paris Saint-Germain, champion de France avec le LOSC de Christophe Galtier, aujourd’hui joueur de la Juventus et international américain, Weah coche de nombreuses cases. Pourtant, il ne déclenche pas, spontanément, cette excitation populaire que certains transferts provoquent. Et c’est précisément là que l’analyse doit commencer.

Le grand public garde en tête l’image d’un attaquant vif, dynamique, mais trop sage devant le but. Un joueur percutant, certes, mais rarement décisif. À Lille, malgré une vraie confiance de Galtier puis de Gourvennec, il n’est jamais parvenu à dépasser la barre des trois buts en championnat sur une saison. Ce n’est que cette année, sous les couleurs bianconeri, qu’il a enfin franchi ce seuil – sans pour autant bouleverser les hiérarchies offensives à la Juve. La faute, peut-être, à un repositionnement progressif, parfois subi, souvent subi d’ailleurs, qui l’a conduit loin de sa zone préférentielle.

Car Weah n’est plus exactement un attaquant, il peut être piston, milieu, sur les deux côtés. Une polyvalence extrême, qui, pour certains observateurs, rime avec perte d'identité. “Qui sait tout faire, ne sait rien faire”, dit-on dans le football comme ailleurs. Mais à l’heure des mutations tactiques permanentes, ce profil hybride ne peut-il pas justement devenir un atout, surtout sous les ordres d’un entraîneur aussi précis que Roberto De Zerbi ?

Si Weah devait signer à l’OM – ce qui semble bien engagé –, ce ne serait pas pour concurrencer Greenwood, ni pour barrer la route à Gouiri. Il n’arriverait pas non plus comme une doublure, mais bien comme un apport stratégique dans l’organisation défensive et offensive de l’équipe. De Zerbi cherche à façonner une équipe capable de basculer d’un système à l’autre en cours de match, en intégrant des éléments capables de donner le surnombre dans certains couloirs. En ce sens, Timothy Weah s’apparente à un nouvel Amir Murillo : joueur à vocation défensive, capable d’allonger les courses, d’apporter en transition, et de tenir son couloir dans des séquences plus basses.

Mais il y a un autre facteur, plus discret mais tout aussi décisif dans le dossier : la volonté du joueur. Selon nos informations, Timothy Weah n’a pas donné suite aux propositions venues d’Angleterre ou d’Allemagne, alors même que son club, la Juventus, aurait été tenté d’ouvrir la porte au plus offrant. C’est vers Marseille que le joueur a tout de suite voulu se diriger.

Il y a également un aspect financier non négligeable : le transfert de Weah pourrait se faire via une formule négociée qui permettrait à l’OM de différer une partie du paiement. En pleine gestion de sa masse salariale et de son équilibre budgétaire, le club marseillais cherche des solutions intelligentes pour se renforcer sans hypothéquer son été. Dans ce contexte, un joueur comme Weah, déjà rodé au haut niveau, avec une marge de progression intéressante, représente une opération à faible risque mais à potentiel rendement élevé. D’autant plus s’il entre dans la rotation sur le côté droit, voire à gauche selon les besoins, ce qui pourrait libérer d’autres ressources pour aller chercher des profils plus "ronflants" dans d’autres secteurs.

Reste à savoir comment De Zerbi exploitera vraiment son profil. L’entraîneur italien, friand de surprises et d’ajustements fins, pourrait le tester à différents endroits du terrain avant de trouver la meilleure formule. Et c'est tant mieux. Nous serions tous entraîneurs s'il était si facile de comprendre un joueur juste avec des résumés de matchs et des compilations sur YouTube.

Il restera à "Tim" à gagner l’adhésion du public marseillais, toujours exigeant mais souvent prêt à s’enflammer pour les joueurs généreux et engagés. Le football moderne valorise aussi les soldats, les éléments capables de combler les brèches et d’ouvrir de nouveaux angles de jeu. Ce sera à l'opposé du rôle d'homme providentiel qu'avait tenu son père au début des années 2000. Mais en même temps, c'est là pour jouer les premiers rôles avec un collectif, ce dont personne ne va se plaindre.