Fetched: https://www.lephoceen.fr/infos-om/mercato/mercato-om-pourquoi-10-millions-d-euros-pour-rongier-c-est-le-minimum-227052
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Dans le paysage actuel du football européen, le mercato estival n’a plus rien d’un exercice rationnel. Entre les enchères folles du marché anglais, les ponts d’or du Golfe et les paris des clubs sur des joueurs prometteurs, la notion de valeur sportive est régulièrement malmenée. Dans ce contexte, la somme de 10 millions d’euros évoquée pour un transfert de Valentin Rongier a suscité quelques moqueries. Trop cher, trop vieux, pas international : les critiques n’ont pas tardé. Mais à y regarder de plus près, cette estimation est loin d’être déraisonnable.
Certes, Rongier arrive dans sa dernière année de contrat avec l’Olympique de Marseille. Une situation contractuelle qui, dans certains cas, peut tirer les prix vers le bas. Mais le statut, les performances passées et le contexte global du marché doivent aussi entrer en ligne de compte. Et si l’on se penche sur les transferts récents de joueurs occupant un poste similaire en Ligue 1, la demande de l’OM paraît même assez modérée.
Prenons d’abord les cas les plus médiatiques sur la saison écoulée. Youssouf Fofana, pourtant également à un an de la fin de son contrat à Monaco, a été transféré pour 20 millions d’euros au Milan AC. Le milieu défensif, cadre de l’équipe de France, a certes un profil plus athlétique, mais ses performances n’étaient pas nécessairement supérieures à celles du capitaine marseillais sur la durée. Mohamed Camara, autre élément du milieu monégasque, a quant à lui rejoint le Qatar pour 16,5 millions d’euros, dans un transfert qui n’a pas fait de bruit, mais qui confirme la capacité du marché à valoriser correctement les milieux d’expérience. Képhren Thuram, parti de Nice pour 20 millions d’euros à la Juventus. Là encore, un joueur plus jeune, certes, mais qui n’a jamais porté le brassard de son équipe et dont la régularité a parfois été mise en cause. Du côté de Lyon, Maxence Caqueret a été transféré en cours de saison à Côme pour 15 millions d’euros, dans une opération qui reflète autant la qualité du joueur que les besoins économiques du club rhodanien. En janvier, c’est Marshall Munetsi qui a quitté Reims pour Wolverhampton contre un chèque estimé à 18 millions d’euros. Un joueur moins exposé médiatiquement que Rongier, mais dont le profil rugueux plaît en Angleterre. Là encore, le tarif est significatif pour un élément évoluant à un poste de récupération.
Ces comparaisons révèlent une chose : le marché des milieux de terrain de Ligue 1 est dynamique, et les clubs européens sont prêts à y investir de belles sommes pour des joueurs solides, même s’ils ne sont pas internationaux de renom. Rongier ne compte aucune sélection chez les Bleus ? Il aurait pourtant sans difficulté sa place dans bien des sélections nationales de niveau intermédiaire. L’ironie pousse même à souligner qu’il serait probablement titulaire au Mali ou au Zimbabwe, nations respectables mais bien loin du niveau de l’équipe de France. La remarque est grinçante, mais elle met en évidence une réalité : ne pas être international ne signifie pas ne pas avoir de valeur.
Même dans un transfert pour « services rendus », le tarif de 10 millions d’euros reste une base. Benjamin Bourigeaud, fidèle soldat de Rennes, a quitté la Bretagne pour le Qatar dans ces conditions. Là encore, l’indemnité atteignait ce fameux seuil. Il est donc logique de penser que pour Rongier, avec un niveau de performance équivalent, ce chiffre représente le minimum acceptable pour l’OM.
Par ailleurs, le fait d’être à un an de la fin de son contrat n’est plus un facteur aussi déterminant dans les négociations. Les exemples européens sont nombreux cet été. Le RB Leipzig demande 15 millions d’euros pour Amadou Haïdara, lui aussi en dernière année. Au Sporting Lisbonne, Besiktas doit mettre 13 millions d’euros pour Hidemasa Morita, dans une situation contractuelle identique. Ces dossiers montrent que les clubs ne bradent plus automatiquement leurs joueurs à un an de l’échéance, surtout lorsqu’ils restent performants et que le contexte permet de générer de la concurrence.
Et c’est bien là le nœud du dossier Rongier : sa valeur sportive est incontestable. Depuis son arrivée à Marseille en 2019 pour environ 15 millions d’euros (paiement échelonné), le joueur n’a jamais déçu lorsqu’il était disponible. Son intelligence de jeu, sa capacité à évoluer à plusieurs postes au milieu comme en défense, sa régularité dans l’impact, et son exemplarité dans le vestiaire ont fait de lui un joueur clé sous tous les entraîneurs qu’il a connus : Villas-Boas, Sampaoli, Tudor, et désormais De Zerbi.
Une donnée résume à elle seule la constance de Rongier : à chaque fois qu’il a disputé une saison complète avec l’OM, l’équipe a terminé sur le podium. En 2020 (2e avec Villas-Boas), en 2022 (2e avec Sampaoli), en 2023 (3e avec Tudor) et en 2025 (2e avec De Zerbi). Seules deux saisons échappent à cette logique, celles où il a été gravement blessé (2021, rupture du tendon d’Achille, et 2024, blessure à la rotule). En dehors de ces épisodes, sa présence rime avec constance et résultats.
Sur le plan financier, le joueur a donc largement été amorti par le club. Outre son apport sportif, il a incarné une forme de stabilité à un poste clé et n’a jamais généré de polémique. Mais l’OM, en fixant ce tarif, ne cherche pas à faire un coup, simplement à respecter la valeur de son capitaine, celle d’un joueur fiable, expérimenté et encore performant. À l’heure où certains clubs payent bien plus pour des paris ou des profils exotiques, miser sur un leader de terrain comme Rongier, pour 10 millions d’euros, relève presque de la bonne affaire. Cela ne veut pas dire que l'OM doit le vendre, chacun est libre de penser ce qu'il veut dans ce dossier pour le bien du club. Reste que, si départ il doit y avoir, cela ne doit pas se faire au rabais. Il en va du respect envers l'institution OM, mais aussi envers le joueur lui-même, qui ne doit plus être sous-côté.
