Sébastien Volpe : Maxence, quel regard portes-tu sur ce match ?

Maxence Volpe : "On a vu, en quelque sorte, l’inverse du match contre Excelsior. Cette fois, c’est l’équipe B, si on peut l’appeler ainsi, qui a débuté la première mi-temps. Et paradoxalement, elle a montré des choses plutôt intéressantes, malgré une défaite 1-0. Il y a eu un peu plus de liant, plus d’initiatives que lors du premier amical. Cela dit, cette équipe reste limitée dès qu’on aligne tous les remplaçants en même temps."

SV : Tu veux dire que, pris collectivement, ces joueurs peinent à exister ?

MV : "Exactement. Quand tu changes les onze joueurs d’un coup, c’est forcément compliqué. Individuellement, il y en a un ou deux, voire trois, qui pourraient s’intégrer à l’équipe-type sans problème. Mais les réunir tous ensemble, c’est une autre histoire. On retrouve des défauts récurrents chez certains : Lirola couvre mal les hors-jeu, Kondogbia se fait prendre de vitesse, Harit manque encore de clairvoyance dans ses choix… Franchement, j’ai été assez déçu, même si Egan Riley, encore une fois, a été intéressant. C’est une recrue qu’on observe de près, et ça pourrait être une belle pioche."

SV : Un mot sur le jeune Bakola, qu’on a trouvé percutant. Peut-il intégrer la rotation cette saison ?

MV : "Il montre des choses intéressantes, oui. Mais pour moi, il est encore un peu trop tendre pour prétendre à une place régulière. Dans un match de Ligue 1 contre un adversaire plus modeste, avec l’équipe-type et en remplacement ponctuel d’un Angel Gomes ou d’un Højbjerg diminué, pourquoi pas. Mais dans une équipe qui vise la Ligue des champions, il faut s’appuyer sur des joueurs plus confirmés. Et puis, dans l’esprit de De Zerbi, s’il doit intégrer un jeune aujourd’hui, Nadir me semble avoir une longueur d’avance."

SV : En deuxième période, on attendait que l’équipe A remette les pendules à l’heure. Ça ne s’est pas vraiment produit, non ?

MV : "Non, clairement pas. Et le double carton jaune de Murillo m’a vraiment contrarié. C’est un match amical, censé te permettre de travailler, pas de terminer à dix pour deux fautes à peine discutables. Franchement, je ne suis même pas sûr qu’elles méritaient un carton. Résultat : on perd un joueur clé, qui a l’habitude de beaucoup se projeter, de prendre l’intérieur, de créer des espaces pour Greenwood… Et tout ça, on ne l’a pas vu. Cette décision de l’arbitre, dans ce contexte, est absurde. En comparaison avec le match contre Excelsior, il y a eu moins de mouvement, moins de combinaisons. On est resté sur notre faim. Rabiot, par exemple, semble encore chercher ses repères dans ce système. Il n’est pas encore à l’aise, il ne trouve pas les bons espaces. J’espère qu’il va monter en puissance dans les prochains matchs. Heureusement, Angel Gomes confirme. Il a été très sérieux, une nouvelle fois. Plus il joue, plus il s’impose. Techniquement, c’est très propre. Petits dribbles, ouvertures, maîtrise… Il dégage une vraie intelligence de jeu. Très prometteur."

SV : On a aussi ressenti un manque de réalisme offensif. Tu es d’accord ?

MV : "Oui, dans l’ensemble. Même si Greenwood continue d’être impressionnant. Il marque encore un but qu’il se crée quasiment tout seul, ça fait quatre buts en deux matchs. Mais derrière, on a eu deux ou trois situations qu’on aurait dû mieux négocier. Je pense à Gouiri, qui devient plus collectif, ce qui est une qualité… sauf quand tu joues avant-centre. Un numéro 9, ça doit être un tueur, un joueur égoïste dans les trente derniers mètres. Là, j’ai le sentiment qu’il cherche trop souvent la passe au lieu de tenter sa chance. Il a eu quelques opportunités, mais ne les a pas bien exploitées. Cela dit, on n’a pas non plus eu un nombre énorme d’occasions. Beaucoup moins qu’au match précédent."

SV : Le fait d’avoir enchaîné deux matchs en deux jours peut-il expliquer cette baisse de rythme ?

MV : "Ah oui, sans aucun doute. C’est même la première fois, depuis que je suis l’OM, que je vois ça : deux matchs en deux jours avec une partie des joueurs qui enchaînent deux fois 45 minutes. D’habitude, quand un joueur fait une mi-temps ou un peu plus, il a plusieurs jours pour récupérer. Là, il fallait remettre le bleu de chauffe dès le lendemain. C’est forcément plus compliqué, physiquement comme mentalement. On a quand même dominé la seconde mi-temps, mais il faut aussi garder en tête que Charleroi est une équipe de D2. Donc oui, on a eu le ballon, mais il faut relativiser. Pour la suite, j’attends beaucoup du mercato. Le groupe est intéressant, mais il manque encore deux titulaires capables d’apporter un vrai plus. Il faut densifier l’effectif, créer de la concurrence et tirer tout le monde vers le haut."

Excelsior 0-5 OM, revivez le match avec ce résumé vidéo proposé par la chaîne Youtube de l'OM !

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Sébastien VOLPE : Maxence, ce qui m’a surpris, c’est de voir l’OM aligner une équipe type dès le premier match de préparation. Tu y vois une logique particulière ?

Maxence VOLPE : Oui, complètement. C’est bien plus logique que les compos hybrides qu’on a pu voir certaines saisons. L’effectif a peu bougé, donc les joueurs sont au même niveau de préparation. Et puis De Zerbi avait prévu une mi-temps pour les titulaires, ce qui leur a permis de s’exprimer pleinement sans s’économiser. On peut imaginer le même plan pour le match de demain.

SV : Ce qui m’a marqué aussi, c’est la fraîcheur physique. Malgré le contexte d’un premier match face à une D3 néerlandaise, j’ai trouvé les joueurs très en jambes, notamment Greenwood.

MV : C’est lié au format choisi. Les joueurs savaient qu’ils ne joueraient qu’une mi-temps, donc pas besoin de se gérer. C’est un match d’application, une répétition des gammes. Et on a vu une équipe qui se connaît, des repères clairs, un De Zerbi Ball déjà en place avec des circuits de passes bien huilés. C’est aussi l’effet d’un effectif stable.

SV : Tu parles de repères… On a vu Gomes et Medina déjà parfaitement intégrés. Tu as analysé leurs positionnements ?

MV : Oui, c’est ce qui m’intriguait le plus. Medina est visiblement prévu dans l’axe, pas à gauche. Si un latéral gauche arrive après le départ de Merlin, ça pourrait le fixer définitivement. Quant à Angel Gomes, je le voyais plus haut, mais il a évolué à côté de Hojbjerg. Très propre, très efficace dans la récupération. Il a perdu très peu de ballons, peut-être aucun sur la première mi-temps.

SV : On parle beaucoup de Paixao à gauche. Est-ce que Jonathan Rowe peut vraiment le concurrencer ? Ou il sera juste un super sub ?

MV : Paixao semble arriver blessé, si le transfert se finalise, il ne sera pas prêt avant fin août. Rowe a donc une vraie carte à jouer en début de saison. Et s’il est décisif, je vois mal De Zerbi le sortir tout de suite, même après un gros transfert. D’autant qu’il pourra aussi faire souffler Greenwood. Cette année, Rowe devrait vraiment faire partie de la rotation.

SV : Un mot sur Aubameyang, qui semble reparti pour une saison. C’est une bonne nouvelle pour toi ?

MV : Évidemment. Son expérience est précieuse. Et avec les renforts annoncés, notamment si Paixao et Greenwood sont en forme, on aura une vraie profondeur offensive. Maintenant, j’attends encore du renfort en défense. Medina c’est bien, mais il manque encore un ou deux profils pour solidifier l’arrière-garde.

SV : Medina a marqué sur corner, c’est encourageant vu nos difficultés dans ce domaine l’an dernier.

MV : Très. C’est un plus. Il n’a pas été inquiété défensivement et son apport offensif sur coups de pied arrêtés est à noter. Un début parfait.

SV : Je reviens sur Gomes, son positionnement m’a étonné. Tu confirmes qu’il a évolué sur la même ligne que Hojbjerg, avec Rabiot plus haut ?

MV : Oui. Ce n’est peut-être pas figé pour la saison, mais sur ce match, c’était clair. Et dans le système De Zerbi, un milieu bas très propre techniquement est crucial. Gomes a le profil idéal pour ça : petit gabarit, centre de gravité bas, appuis courts. Il ne panique pas sous pression.

SV : Passons à la deuxième période. On a vu un contraste énorme avec la première. L’équipe B n’a pas marqué. Ça t’inquiète ?

MV : Un peu, oui. Quand tu gagnes 5-0 et que les entrants ne marquent pas, ça pose question. Mais le contexte est particulier : tu rentres en sachant que le match est plié, tu es dans l’équipe bis, la motivation est moindre. Harit et Nadir ont été actifs, mais pas décisifs. Et on a encore vu Harit manquer des occasions. Ce que Greenwood a su faire en première, Harit ne l’a pas fait en seconde.

SV : Tu as noté des choses intéressantes malgré tout ?

MV : Oui, le positionnement d’Egan-Riley. Officiellement latéral droit, mais il a joué très haut, presque au milieu. C’était la même chose que ce qu’on a vu avec Merlin l’an dernier. Et Kondogbia a bien rééquilibré derrière. Ce rôle hybride, entre axe droit et soutien au milieu, peut être précieux si bien maîtrisé.

SV : Pour finir, tu confirmes qu’on a joué en 4-3-3 avec Egan-Riley en rôle hybride ? Certains ont parlé d’un 3-4-3.

MV : Techniquement, on a évolué en 4-3-3 dans la phase défensive. Mais avec ballon, Egan-Riley montait, Cornelius restait dans l’axe, Lirola à gauche, et Kondogbia couvrait la montée d’Egan-Riley. Donc oui, système hybride classique chez De Zerbi. Comme nous l’explique souvent Fabrice : on juge le système dans la phase sans ballon, pas avec. Donc c'était bien un 4-3-3.